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Il avait plu toute la journée, une pluie battante. Des gens m'avaient bien entendue, mais sans forcément repérer l'origine de mes miaulements. D'autres m'ont vue, mais ont été incapable de me faire descendre... Toute la journée dans le froid, l'humidité, la faim.... Avec des centaines de puces comme seule compagnie, je trempais dans mes urines....
Vers 20h je me remets à miauler de plus belle. J'ai peur. Un homme arrive, me voit, puis repart. Il revient 5 minutes plus tard, accompagné d'une jeune femme qui leva les yeux au ciel. Son mari lui avait dit "viens vite, il y a un chaton sur le toit !".
En me voyant elle s'exclama :"mais il est tout petit !"
Il faut dire qu'avec mes 650g je ne pesais pas bien lourd. J'étais sur ce toit, je ne sais plus comment. Les bipèdes me regardaient, m'appelaient "le chat" et me parlaient, comme pour me distraire et me rassurer. Puis j'ai vu une chatte adulte, je l'appelais de toutes mes forces "maman" avec mes miaulements stridents. Dans la cour, un autre chaton. Mon frère ou ma soeur. Je n'étais plus seule...
Le couple est rejoint par un autres qui promenait ses chiens. Ils connaissent bien le quartier, assurent qu'ils ne m'ont jamais vue auparavant. Ils ont demandé au jeune couple "vous aussi vous êtes là pour le chat ?"
Effectivement certains avaient tenté de m'aider, sans succès ; alors ils sont partis. Ce jeune couple lui, n'abandonnerait pas. La dame disait "je ne pars pas tant qu'on ne l'aura pas sorti de là". J'entends même parler de pompiers...
Je n'étais plus seule, et je me sentais plus forte, plus courageuse, galvanisée par les appels de la dame pour me faire venir, qu'importe le moyen. J'étais fatiguée, rongée par les puces qui me faisaient mal. Maman était aussi en bas...
Alors je descends vers le point le plus bas du toit. Et puis ? Je vois le fil électrique. Si j'arrive à l'agripper, peut-être pourrais-je descendre le long de la gouttière...
J'étais trop optimiste, et je n'ai pas pu tenir en équilibre sur le fil. Mais je me suis coincée dedans quelques secondes, assez pour permettre à l'homme et à la femme de tendre un pull en dessous, et me réceptionner en douceur.
J'ai eu tellement peur que j'ai craché, j'ai griffé la narine de la dame et je lui ai mordue la main !
Mais elle ne m'en voulait pas...
Maman nous tournait autour, mais moi, j'étais tellement tétanisée que je n'ai plus pu bouger. J'étais protégée par les bras de la dame qui constata mon degré de saleté et mon jeune âge (j'avais encore un peu de bleu dans les yeux). L'autre chaton se sauvait à chaque approche. Le vieux couple incita les jeunes à me prendre avec eux, mais eux hésitaient : ils avaient déjà un chat, ça leur semblait impossible...
Pourtant, c'est bien avec eux que je suis repartie.
Direction la douche ! La bassine était tellement profonde que lorsqu'on m'y a lâché, j'ai coulé dedans ! "Kof kof !" crachotai-je quand on ramena à la surface. L'eau est vite devenue marron. Puis rouge...
Les puces, les larves... Tout le sang pompé ressortait. Des centaines de puces comme les humains n'en avait jamais vu sur un petit chaton ! J'avais mal, je me grattais tout le temps et pleurait tandis que les puces rentraient dans ma bouche, mes narines...
On m'a séché avec une serviette, puis le monsieur a fait tourner son sèche-cheveux, et j'ai senti un bien-être, couplé à la fatigue, m'envahir. J'osais même un "ron" avant de m'endormir...
Le lendemain, vétérinaire. Les gens s'extasiaient en voyant ma petite bouille. Maman leur raconte mon arrivée qui amuse les interlocuteurs. Mon âge estimé est de 1 mois et demi, je suis sevrée et surtout... Je suis une fille ! Ma nouvelle maman pensait que j'étais un garçon. En fait, elle n'a pas voulu me tripoter comme elle dit, pour vérifier. Elle était contente car elle n'avait jamais eu de chatte... J'ai eu mon traitement contre les puces et quand la dernière avait trépassé, j'ai pu faire la connaissance de Milo, un chat né en 2004.
Le reste, vous la devinez...
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